jeudi 27 juillet 2017

LA RIGUEUR SCIENTIFIQUE (selon Pierre Desproges)

Ce n’est pas moi qui l’affirme, Dieu me retourne, c’est Fucius qui l’a dit (et il avait oublié d’être con) : «Une civilisation sans la Science, ce serait aussi absurde qu’un poisson sans bicyclette.»

Aussi bien allons-nous procéder scientifiquement. Pour savoir si Nantes est bien en Bretagne, prenons une Nantaise. Une belle Nantaise. L’oeil doit être vif, le poil lisse. Portons-la à ébullition. Que constatons-nous ? Nous constatons que la Nantaise est biodégradable. De cette expérience nous pouvons immédiatement tirer une conclusion extrêmement riche en enseignements, que je résumerai en une phrase : «Nantaise bouillue, Nantaise foutue.»

C’est prodigieusement intéressant direz-vous, pour peu que vous soyez complètement tarés, mais cela ne nous dit pas avec précision si la Nantaise est bretonne, ou con, ou les deux.

Qu’à cela ne tienne.

Nous allons procéder à une deuxième expérience. Pour cette expérience, nous n’aurons pas besoin d’une Nantaise. Son petit chat suffira (quand je dis chat, je pense au minou, pas à la chatte). En effet, comme tout le monde le sait, les chats authentiquement bretons sont les seuls chats au monde qui transpirent. Si nous arrivons à démontrer que les chats de Nantes transpirent, nous aurons par là même prouvé au monde médusé par tant de rigueur scientifique que les chats de Nantes sont bretons. Or si les chats sont bretons, les Nantaises aussi, ou alors il y a de quoi se flinguer.

Donc prenons un chat nantais, que nous appellerons A pour plus de commodité. A l’aide d’un entonnoir que nous appellerons Catherine, en hommage à Catherine de Médicis dont la contenance stupéfia son époque, et que nous lui enfonçons profondément dans la bouche, gavons-le de deux ou trois litres de white-spirit. Attention : la pauvre bête va souffrir atrocement, c’est pourquoi nous vous conseillons de lui couper préalablement les pattes ou de mettre des gants de cuir avant de commencer le gavage.

Quand minou est gonflé de white-spirit, prenons un mérou, que nous appellerons François, parce que certains l’appellent François. Portons-le à ébullition. Tandis que le mérou bout, approchez-vous du chat. Enflammez une allumette.
Que se passe-t-il ?
Hey bien, c’est simple,
quand le mérou bout le chat pète,
alors qu’au contraire,
quand le chat bout : le «mes roupettes»
(pauvre animal).

Alors, alors, bande de nullités ignares, qu’est-ce que cela prouve scientifiquement ? Tout simplement, cela prouve à l’évidence que le chat nantais est bien un chat breton. Car si ce chat gavé d’essence explose près d’une flamme, cela prouve bien qu’il transpire, non ? Et s’il transpire, c’est qu’il s’agit bien, CQFD, d’un chat breton, car seuls les chats véritablement bretons sont poreux, comme le souligne magnifiquement le splendide hymne de la Bretagne libre :

Ils ont des chats poreux, vive la Bretagne.
Ils ont des chats poreux, vivent les Bretons.
Croyez-moi, seule la science...

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